LA FAUNE ANIMALE MEDITERRANEENNE

"Nous sommes face
à des razzias, de
MarseilleàMenton !"
LE COMITÉ RÉGIONAL DE PÊCHE

"Dire que ce sont les mérous
qui déciment les poulpes
est une bonne excuse."
J.-G. HARMELIN, BIOLOGISTE

Paris leur avait grillé la priorité:
en 2010, les ornithologues
de la capitale publiaient
le premier atlas des
oiseaux de leur ville. "Peut-être
un peu piqués au vif", leurs homologues
marseillais se mettent
alors en tête de riposter. Cela
peut sembler incroyable,
mais "jamais" auparavant
l’inventaire exhaustif des espèces
nicheuses de la cité phocéenne
n’avait été effectué.
"Nous n’avions que des éléments
épars", se souvient Eric Barthelémy,
président de l’association
La Chevêche. Il faut dire que la
tâche est immense; Marseille
s’étale sur 240 km², possède de
gigantesques espaces naturels,
des collines, des îles... "On ne
pouvait pas se lancer seuls."
Mais le petit monde des ornithologues
a l’habitude du travail
collaboratif. Pilote de ce gigantesque
puzzle, La Chevêche
rassemble donc ses troupes: le
Conservatoire des espaces naturels
Paca, la Ligue de protection
des oiseaux Paca, Colinéo Assenemce
répondent vite présent,
puis l’Office national des forêts,
le Laboratoire population et environnement
(LEPD) de
l’université Aix-Marseille, le
Parc national des Calanques
aussi. Les uns prêtent leurs bénévoles,
les autres leur base de
données, leur expertise scientifique
ou leur fine connaissance
du terrain. Et tout le monde se
met au boulot : "Pendant trois
ans, nous avons quadrillé la ville,
carré de 1km² de côté après
l’autre, expose Eric Barthélemy.
Chacun allait prospecter ce carré
et y recensait tout ce qu’il y
avait à y voir." De Luminy à
Saint-Mauront, du CamasàVerduron,
du Frioul à Sormiou, ils
seront jusqu’à 150 passionnés à
arpenter les rues, les sentiers
pour débusquer les oiseaux
dans leur habitat naturel.Leurs
relevés s’accompagnent de photographies
des piafs comme de
leur nid. 60 000 données sont recueillies
au cours de ce fabuleux
jeu de piste. "Même en pleine ville
on trouve des oiseaux, sourit
le président de LaChevêche. Les
petits jardins de coeur d’îlot, les
corridors que sont le Jarret ou
l’Huveaune", tout cela procure
des espaces de vie et de reproduction
aux volatiles. Cela dit,
"l’urbanisation est bien sûr la
principale menace" pesant sur
ces oiseaux des villes. "Certains
s’adaptent bien, tels le verdier, le
chardonneret, le martinet. Pour
des espèces fragiles, comme la
huppe, que l’on trouve vers le
Merlan, Four de Buze, le Vallon
D’Ol, c’est plus difficile."
Publié en octobre 2015
Quatre-vingt-neuf espèces nicheuses
seront finalement identifiées
et documentées. Parmi elles,
des espèces "patrimoniales",
telles le puffin cendré, le
puffin yelkouan, l’océanite tempête...
Grâce au soutien financier
de partenaires tels la Ville
de Marseille, qui a accordé une
subvention de 10 000¤ au projet,
l’ONF et le Parc national des
Calanques, encore, mais aussi
le Conseil général, la société Gemalto
ou ERDF l’atlas va pouvoir
être édité par la prestigieuse
maison d’édition Delachaux
et Niestlé, en octobre 2015.
Pour Monique Cordier, adjointe
aux Espaces verts de la Ville,
cette somme "remarquable
s’inscrit dans la démarche de la
mairie de préserver la biodiversité"
locale tandis que François
Blanc, directeur du Parc national
des Calanques, y voit déjà
un "enjeu de connaissance scientifique".
Jean-Michel Saccazes,
le directeur départemental
d’ERDF, également : "Lorsque
nous intervenons en urgence
pour rétablir les réseaux, nous
pouvons commettre des erreurs,
c’est déjà arrivé, et détruire
l’habitat naturel des oiseaux. En
formant nos managers, puis nos
techniciens, à la biodiversité,
nous pourrons corriger ces erreurs."
Pour les petits Marseillais,
ce grand livre des
oiseaux sera surtout une merveilleuse
leçon de choses
.
aladin
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