ILS FONT HONNEUR A LA NATURE HUMAINE

Jacques Pessis raconte
son Michel Berger
Le journaliste signe le portrait
du chanteur-compositeur sur
France 5.
Auteur, compositeur et interprète,
Michel Berger était un observateur
attentif de la société.
L'artiste était aussi, quelque part,
un journaliste... Il était le prince
de la nuance. Son talent n'avait
d'égal que sa discrétion naturelle.
Loin des studios et des scènes,
il ne s'exprimait qu'à demi-mots.
Je me souviens d'un entretien au
micro de RMC, dans les années
80. Pour évoquer France Gall, la
femme de sa vie, il m'avait simplement
déclaré, en souriant tendrement
: "Elle est la terre, je suis
l'air". Allergique au téléphone et
aux paperasseries, incapable de
s'occuper de sa garde-robe, il lui
déléguait toutes les tâches du
quotidien. Il préférait vivre dans
sa bulle, le coin du salon de leur
appartement parisien, où se trouvait
son grand piano blanc.
Il a passé des jours et des nuits
à traduire en paroles et en musiques
ses sentiments, essentiellement
inspirés par l'observation
attentive de notre société. L'air
de son temps. Il a évolué avec lui.
Dans les années 60, à travers des
couplets fleurant bon l'adolescence
joyeuse, il est l'un des chouchous
de "Salut les copains". Il
assure ensuite la direction artistique
de disques de Bourvil et de
Franck Pourcel. À l'heure du phénomène
hippie, par la voix de Jeremy
Faith chantant Jésus, il vend
un million et demi d'albums.
Les années 70-80 deviennent
celles de la révolte intérieure, des
angoisses. L'homme joyeux au
quotidien devient grave dans ses
couplets. Il chante tout haut ce
que des millions d'adolescents
pensent tout bas. Il est l'un des
premiers artistes à s'investir dans
des associations caritatives, de
Chanteurs sans frontières aux
Restos du Coeur, en passant par
Action écoles, l'antenne française
du Live Aid, de Bob Geldof. Il y a
enfin le phénomène "Starmania",
un opéra rock démoli par la critique
à la veille de sa première au
Palais des congrès, qui devient un
classique du spectacle musical. Il
nous a quittés le 2 août 1992, à
l'âge de 44 ans, mais les nouvelles
générations d'interprètes le
considèrent comme un modèle
et continuent à le chanter. Ses
"airs du temps" sont en train de
devenir des airs de tous les temps.

Michel Berger chante tout
haut ce que des millions d'adolescents
pensent tout bas.

"


L'Air du temps"
sur France 5 à 20 h 35

Son but, un musée des gardiens
L’Avignonnais Christian Baldacchino a accumulé, en 30 ans, 1 500 maillots de gardiens debut. Sansen acheterunseul

Il a 58 ans, est handicapé à
70% et, pour tout logement, cet
homme dispose du droit qu’un
boucher de Marignane lui accorde:
dormir la nuit dans son magasin.
Dans la journée, il est
condamné à errer dans la ville
en attendant la fermeture de la
boucherie.
Elle vit avec ses trois enfants
en bas âge dans une seule pièce
à La Belle-de-Mai à Marseille.
Dans ces 27m² indécents, les
champignons ont provoqué
asthme et eczéma chez les petits,
le propriétaire ne veut pas
entendre parler de travaux.
Faut-il continuer... Ils étaient
onze, mercredi après-midi à
l’audience du tribunal administratif
de Marseille, à demander
que la justice ordonne au préfet
de les reloger au plus vite.
Une audience toute entière
consacrée au Dalo, le droit au logement
opposable. Les requérants
ont été reconnus "prioritaires
pour un logement" par la
Commission départementale
de médiation, comme6395 personnes
en deux ans et dix mois
à travers Paca.
"Nous jouons
le Père Noël, de temps
en temps, ça fait du bien"
Une solution a été trouvée
pour la moitié de ces familles
victimes de logements trop petits
ou indignes.
Lorsqu’au bout de six mois, le
préfet n’est pas parvenu à reloger,
le tribunal peut le lui enjoindre
en lui accordant un court délai.
Et si aucune solution n’est
trouvée, alors les préfectures
peuvent être condamnées à verser
une astreinte qui ira abonder
le Fonds régional de développement
urbain.
L’audience réserve parfois
une bonne nouvelle. Sous le
coup d’une expulsion, après la
délivrance, par le bailleur-promoteur,
d’un congé pour vente,
il y a deux ans, Aynur vient de signer
un bail. Satisfaction de son
avocate, sourires du président
du tribunal, Henri Dubreuil :
"Nous jouons le Père Noël, de
temps en temps, ça fait du bien."
Nombreux dossiers sont aussi
l’occasion de pousser un
coup de gueule à la description
de taudis dans lesquels vivent
certaines familles, très majoritairement
des femmes seules avec
enfants : "Il y a des propriétaires
qui refusent de faire des travaux
mais ne refusent pas d’encaisser
les loyers." C’est dit...
Lamia s’est déplacée. Seule à
la barre, cette mère de trois enfants,
justifie le refus qu’elle a
opposé au T5 que lui proposait
le préfet dans une cité "sensible"
d’Aubagne. "Je travaille
14 heures par jour, je ne peux
pas laisser mes enfants seuls
là-bas." La préfecture se
confronte à la difficulté de proposer
de grands appartements:
121 demandes de T5 ont été enregistrées
alors que, dans le même
temps, 76 se sont libérés.
Les audiences Dalo sont une facette
de la crise du logement,
aiguë à Marseille.
Dans les Bouches-du-Rhône,
71825 ménages sont dans l’attente
d’un logement et parmi
eux, un quart se trouvent en situation
d’hébergement insatisfaisant
: dans un foyer ou dans
la famille, avec des taux de suroccupation
des logements très
importants

Etincelant cette saison avec Manchester United, Nani a annoncé il y a peu qu'il se voyait bien devenir champion d'Angleterre. Un sentiment pas vraiment partagé par Arsène Wenger manager d'Arsenal,
qui s'est permis de lâcher un petit tacle envers le virevoltant Portugais des Red Devils.

«Tout le monde a une opinion différente dans ce Championnat et personne n'est prophète
, a dit le technicien alsacien en conférence de presse.
Nous vivons dans une société où chacun sait tout et c'est presque une honte de dire 'je ne sais pas'.
Personnellement, je ne connais pas le nom de celui qui remportera le titre. J'ai dirigé 1600 matches alors si Nani sait, il doit être 1600 fois plus intelligent que moi.
» Avec un match de plus, les Gunners d'Arsenal, deuxièmes du Championnat, possèdent toujours deux points de retard sur leurs rivaux de Manchester.

SOLIDARITÉ  Claire Keim
dans le Train du père Noël Claire
Keim est retombée en enfance
en rencontrant le père Noël. La
comédienne (le 3 janvier sur TF1
dans un téléfilm inédit) est la
marraine de l'opération Train de
Noël en faveur de l'association
Petits Princes, qui réalise les
rêves des enfants malades. Jusqu'au
30 décembre, il sillonne la
France et fait découvrir l'univers
du père Noël à tous les enfants.
Dans le train sont installés son
salon, son bureau, sa fabrique
de jouets et l'atelier des cadeaux.
50 enfants hospitalisés
bénéficieront de l'aide de l'association.

INSTITUTIONS
Le référendum d’initiative
populaire devrait voir le jour

Le dernier conseil des ministres
a examiné un projet de loi
organique sur la mise en oeuvre
du référendum d'initiative populaire
créé par la réforme
constitutionnelle de juillet
2008.
Le texte, dont le Premier ministre,
François Fillon, avait promis
le mois dernier qu’il serait
présenté avant la fin 2010, prévoit
qu’un tel référendum pourra
être organisé s'il recueille le
soutien d'au moins un dixième
des électeurs inscrits, soit
4,5 millions de personnes.
La procédure devra être
amorcée par une proposition
de loi déposée par au moins un
cinquième des membres du Parlement
et prévoit une double intervention
du Conseil constitutionnel
: d'abord pour s'assurer
que le projet est conforme à la
Constitution puis qu’il aura recueilli
les soutiens nécessaires
à sa recevabilité. L'article 11 de
la Constitution limite son
champ d'application à l'organisation
des pouvoirs publics,
aux réformes économiques, sociales
et environnementales
ainsi qu’à la ratification d'un
traité "qui, sans être contraire à
la Constitution, aurait des incidences
sur le fonctionnement
des institutions".
Destitution du Président
Le texte du projet de loi prévoit
que le recueil des soutiens
s'effectuera "par voie exclusivement
électronique", l’"égal accès"
des citoyens à cette procédure
étant garanti.
Une commission indépendante
sera chargée de contrôler
la procédure et transmettra ses
conclusions au Conseil constitutionnel.
En cas de recevabilité d'une
initiative, la proposition de loi
devra être examinée au moins
une fois par les deux chambres
du Parlement dans un délai de
12 mois. À défaut, le président
de la République pourra la soumettre
à un référendum dans
les quatre mois.
Le conseil des ministres a examiné
un autre projet de loi organique
précisant les conditions
de mise en oeuvre d'une destitution
du président de la République.
Depuis une loi constitutionnelle
de 2007, celle-ci ne peut
intervenir qu’en cas de manquement
à ses devoirs du chef de
l’État "manifestement incompatible
avec l'exercice de son mandat".
Le texte précise les conditions
de présentation des résolutions
des deux assemblées en
vue d'une intervention du Parlement
réuni en Haute Cour.
Il détermine la composition
du bureau de celle-ci, de l'intervention
d'une commission
chargée de réunir les informations
nécessaires à son fonctionnement
et encadre l'organisation
des débats de cette Haute
Cour.

Corse - Société

La caisse d'assurance-maladie ne doit plus planquer ses résultats.Publié le lundi 27 décembre 2010 à 07H04
Tous les déblais des chantiers ouverts ces dernières années dans la vallée du Fango sont stockés sur le site de Teghime.

GERARD BALDOCCHI

L'association U Levante vient de remporter une bataille juridique dans le litige qui l'oppose, depuis un moment déjà, à la direction de la caisse régionale d'assurance-maladie du Sud-Est. Le tribunal administratif de Marseille enjoint cette dernière à communiquer enfin les résultats des analyses réalisées dans l'environnement du site de stockage de Teghime, sur les hauteurs de Bastia (commune de Barbaggio), le 30 octobre 2006 par son propre laboratoire.

Voilà maintenant plus de quatre ans que la Cram refuse de transmettre les résultats de ses prélèvements effectués à l'aide de plusieurs capteurs d'air.

Ces trois dernières décennies, le développement urbain de la cité bastiaise est essentiellement passé par la vallée du Fango avec, notamment, la construction d'un lycée, de la préfecture et de ses principaux services sanitaires. Sans parler des nombreux autres bureaux, services, commerces et immeubles d'habitation.
Tous ces chantiers, régulièrement balayés par le vent, ont nécessité le broyage de roches amiantifères et amené les pouvoirs publics à créer un lieu de stockage dédié aux déblais.
Cancers spécifiques connus des autorités

« Ces déblais contiennent des fibres d'amiante dont la libération dans l'air est dangereuse pour la santé publique, puisque leur arrivée dans les poumons est à l'origine de cancers spécifiques. Ces dangers encourus par les salariés du bâtiment qui travaillent parfois sans aucune protection, les milliers de riverains et la population scolaire, sont parfaitement connus par les autorités publiques et la médecine du travail » avertit l'association.

Depuis, force est de reconnaître que les choses ont favorablement évolué. Grâce à la ténacité de certains inspecteurs du travail, parfois même désavoués par leur propre hiérarchie, et aux lourdes amendes infligées par l'institution judiciaire, les entrepreneurs du bâtiment ont fini par consentir des efforts financiers et pris des mesures de protection de leurs salariés et des chantiers afin d'atténuer la propagation d'amiante naturel.

Par ailleurs, la Cram, aujourd'hui désavouée, avait pris elle-même l'initiative de faire un comptage analytique des fibres pour savoir si les seuils d'alerte n'étaient pas franchis.

Par deux courriers successifs, en date du 8 juillet puis du 11 décembre 2007, U Levante sollicitait la communication de ces documents mais se voyait à deux reprises opposer un refus.

Trois mois plus tard, saisie à son tour, la Cada, la commission d'accès aux documents administratifs, donnait un avis favorable, sans davantage d'effet dissuasif, d'où le recours judiciaire...

« La galère n'est peut-être pas terminée »

Par décision du 14 décembre dernier, dont la notification vient tout juste de parvenir à l'association, la juridiction administrative, outre la somme de mille euros au titre des frais engagés, donne raison à l'association et ordonne à la Cram de lui communiquer l'intégralité des résultats et mesures des prélèvements par le biais de la messagerie électronique, et ce, dans un délai d'un mois. En revanche, les magistrats n'ont pas estimé opportun que soient également transmis tous les courriers, mails et télécopies qui ont pu être échangés sur le sujet entre la Caisse régionale du Sud-Est et les différents services de l'État concernés (Drire, Ddass...)

La Cram avait soulevé l'incompétence du tribunal, estimant le litige « relatif à des rapports de droit privé » et invoquant le secret professionnel. Mais les juges marseillais n'ont pas retenu ces arguments, considérant que la caisse exerce bien une mission de service public « consistant à la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles » et, que le secret professionnel n'est pas soulevé par le code de l'environnement.

« Nous ne sommes pas assurés que la galère soit terminée. Retarder la publication des résultats peut avoir des conséquences nocives sur la santé », conclut l'association qui redoute que la Cram fasse appel de cette décision. Elle dispose en effet d'un délai de deux mois pour se pourvoir en cassation.

Que les analyses soient préoccupantes ou rassurantes, le fait même qu'on puisse les cacher peut être mal vécu par les populations les plus exposées

Croque-Fruits, la coopérative marseillaise qui aidait les juifs et résistants
le lundi 27 décembre 2010 à 15H26

Intellectuels, ils avaient fui le nazisme à Marseille où une étonnante coopérative les avait aidés


Les parents de Marc Piel (à gauche) se sont rencontrés à la coopérative, créé par Sylvain Itkine, le père de Catherine (à droite). Lucien, le père de sa cousine Irène (au centre) a élaboré la recette du Croque-Fruits. Ils posent ici devant ce qui reste de la rue des Treize-Escaliers


Tout au long de cette période de fêtes, nous allons vous raconter de belles histoires arrivées près de chez vous. Aujourd'hui celle de la coopérative Croque-Fruits.

Ce n'est pas seulement que plus personne n'habite à cette adresse : c'est qu'il n'y a plus d'adresse du tout. Cet été, les pelleteuses d'Euroméditerranée ont rayé de la carte la rue des Treize-Escaliers, à la Porte d'Aix. Et nulle plaque pour rappeler au passant qu'ici s'est écrit, voici 69 ans, "un des plus beaux épisodes de la Seconde Guerre mondiale", selon la formule du galeriste aixois Alain Paire.

Cette séquence passée à la trappe de l'Histoire, c'est l'aventure de la coopérative du Fruit mordoré et de son produit fétiche, le Croque-fruits. Ceux qui la racontent, et qui scrutent, en ce froid matin de décembre, les remblais de la Porte d'Aix, en sont les enfants : les parents de Marc Piel se sont rencontrés dans l'entreprise créée par Sylvain Itkine, le père de Catherine, avec l'aide de son frère Lucien, celui d'Irène.

Cette histoire, chez les Itkine, fait partie de "la légende familiale"; Marc, lui, ne l'a découverte qu'en 2008, à la mort de sa mère, Lilly, dans l'autobiographie laissée à ses enfants. À force de recherches, ces descendants des "croquefruitiers" ont fini par se retrouver. "Il y aurait un livre, un film merveilleux à faire sur tout ça", sourit Alain Paire, qui s'est pris de "tendresse" pour cette "très jolie utopie".

Sylvain Itkine naît à Paris en 1908, d'un père venu de Lituanie et d'une mère Française d'origine russe. Juif, ami d'Eluard et des surréalistes, trotskiste, il est un "metteur en scène prometteur, une force montante" et engagée, saluée par la presse. En 1937, pendant l'Exposition universelle, son Ubu enchaîné (décors de Max Ernst et Jean Effel) fait ainsi sensation.

Mais trois ans plus tard, comme tant d'autres artistes, intellectuels de gauche, Itkine est contraint à l'exil. Il gagne Marseille où il retrouve ses compagnons surréalistes, André Breton, Victor Brauner, André Masson, en attente de visa pour les États-Unis. C'est dans cette ville "où tout circule" encore, les hommes, les marchandises, les idées, mais où le travail manque pour ceux qui convergent vers la porte sud de l'Europe, que Sylvain et quelques amis imaginent Le Fruit mordoré : Lucien, son frère aîné, chimiste de son état, élabore dans son appartement, rue de l'Évêché, une friandise "composée de dattes, de figues et de cacahuètes broyées", hautement nutritive, le Croque-fruits.

La matière première est là, des amis prêtent de l'argent, on loue deux étages au 3, rue des Treize-Escaliers, des machines : la petite fabrique se lance dans l'enthousiasme, avec une demi-douzaine d'ouvriers, intellectuels, gauchistes, juifs, artistes. On trouve, aux premiers jours, le journaliste Guy d'Hauterive ou l'acteur et critique de cinéma Jean Rougeul (qui figurera dans le Huit et demi de Fellini).

À cette époque où les douceurs sont rares, le succès est immédiat. Au Fruit mordoré, les ouvriers sont co-gestionnaires, et l'on travaille trois, quatre heures pour le double du salaire de l'ouvrier de l'époque: un genre de "travailler moins pour gagner plus", glisse, malicieuse, Catherine Itkine. Et une réputation de bonne auberge qui file jusqu'à Paris : Lilly Piel raconte dans son journal en avoir entendu parler au Café de Flore…...

La jeune juive viennoise viendra aussi y travailler dans "une atmosphère formidable" et y tombera en amour pour son Serge, croisé dans les escaliers de la coopérative. C'est la guerre, mais ici, on rit beaucoup, on ne se fatigue pas trop, on drague, on a du temps pour flâner aux tables du Brûleur de Loups, sur le Vieux-Port, dans les jardins de la Villa Air Bel où se pressent les surréalistes…...

À l'apogée de la coopérative, ils seront près de 200 à y travailler, quelques jours ou mois : les ouvriers sont des gens de théâtre, des femmes fatales, des avocats, des écrivains comme Jean Malaquais, de futurs Oulipiens, des militants d'extrême-gauche. Mais au début de l'été 1942, la pression policière s'accentue sur le Fruit mordoré. Interrogatoires, perquisitions se multiplient.

L'arrivée des Allemands sur La Canebière, en décembre, signe la fin de la coopérative, trop exposée. Les Itkine plient bagage. La suite sera tragique, "une histoire abominable". De la Drôme, les frères Itkine rejoignent Lyon où ils prennent la responsabilité d'un réseau de résistance à l'occupant nazi. Lucien est raflé le 25 juillet 1944, déporté par le dernier convoi dirigé par Klaus Barbie vers Birkenau puis Mathausen; il y croisera, avant de mourir le 25 février 1945, l'écrivain Joseph Bialot.

Sylvain, dénoncé comme tout son groupe, est arrêté et torturé par la Gestapo. On ne le reverra plus. "Ce sont des morts sans sépulture", dit Irène Itkine. L'issue est terrible. Pourtant, près de 70 ans plus tard, ceux qui l'évoquent encore n'y lisent qu'une "extraordinaire histoire humaine", une tentative de "changer le monde" par l'amitié, l'entraide.

Alain Paire les aime, ces croquefruitiers qui, par leur fougue, leur liberté, lui évoquent Jules et Jim : à la manière du message de Stéphane Hessel, "ce qu'ils nous enseignent est que l'on n'est pas obligé de se soumettre", juge-t-il. Et que la mémoire est un chiendent qui s'accroche, toujours. Il n'y a plus rien à voir à la Porte d'Aix : mais l'on peut encore tendre l'oreille à ceux qui sont les derniers dépositaires de cette belle histoire de Marseille…


§§§§ ce qui m'impressione , c'est que lorsqu'on evoque les juifs et le deportement , il y en a toujours un pour nous rappeler les senegalais , algeriens, marocains... ce recit n' evoque pas que la deportation des juifs! il narre l'activité economique cooperativiste d'une societé pendant la guerre, créée et gerée par des intellectuels!
alors si vous evoquez les senegalais , marocains ,algeriens bibou ne soyez pas auissi selectlf. parlez egalement des communistes , tziganes et homosexuels! là votre evocation sera presque complete

INCORRUPTBIBLE

ALORS ...DES PREUVES ..

Drucker : "Je n'ai pas magouillé"
Publié le mardi 28 décembre 2010 à 19H38
Une semaine après l’annulation pure et simple du permis de sa villa, actuellement en construction dans le massif des Alpilles l’animateur Michel Drucker sort de sa réserve.

"J’ai décidé de faire appel et cela pour le principe. Car j’ai plusieurs objectifs dans cette affaire. D’abord tordre le cou à la rumeur sur ma probité que la Ligue de défense des Alpilles a entretenue pendant deux ans. Ni le tribunal administratif, ni avant lui le procureur de la République de Tarascon n’ont remis en question mon honnêteté dans cette confusion interne aux administrations communales et départementales."

AFFAIRE A SUIVRE..

Drucker: "Je n’ai pas magouillé"
EXCLUSIF L’animateur revient sur l’annulation du permis de construire de sa maison des Alpilles


Le 18 janvier 2008, Michel Drucker
a obtenu un permis pour bâtir
à Eygalières une villa de
293m² sur un terrain de
10000m². Mais la Ligue de défense
des Alpilles, une association
de protection de l’environnement,
a fait valoir que ce permis
était illégal, car situé à
proximité de la chapelle
Saint-Sixte, inscrite à l’inventaire
des monuments historiques.
Le permis ne pouvait être délivré
sans l’accord de l’architecte
des bâtiments de France.
Une plainte a été déposée le
16 juin 2009 pour "faux et usage
de faux" par la Ligue des Alpilles.
Le 10 juin 2010, le procureur
de Tarascon a classé le dossier
pour "absence d’infraction".
Une quelconque fraude
de Michel Drucker ne peut donc
être invoquée à ce jour.
Le 22 décembre dernier, le tribunal
administratif de Marseille
a cependant déclaré le permis
inexistant.



Une semaine après l’annulation
pure et simple du
permis de sa villa, actuellement
en construction dans le
massif des Alpilles (nos révélations
du 23 décembre), l’animateur
Michel Drucker sort de sa
réserve. Il a accepté de répondre
à nos questions et fait le
point sur cette affaire. Il se livrera
aussi cet après-midi, à partir
de 15h30, à une rencontre dédicace
autour de son livre Rappelle-
moi, à la salle des fêtes
d’Eygalières.
❚ Quelle a été justement votre
réaction dès que vous avez appris
que ce permis était déclaré
"nul et non avenu"?
J’ai aussitôt décidé de faire appel
et cela pour le principe. Car
j’ai plusieurs objectifs dans cette
affaire. D’abord tordre le cou
à la rumeur sur ma probité que
la Ligue de défense des Alpilles
a entretenue pendant deux ans.
Ni le tribunal administratif ni
avant lui le procureur de la République
de Tarascon n’ont remis
en question mon honnêteté
dans cette confusion interne
aux administrations communales
et départementales.
❚ Vous le vivez mal?
Oui, je reste la victime de cette
confusion. Car c’est moi qui
suis en première ligne.
❚ Qu’est-ce qui est important
pour vous aujourd’hui ?
L’important pour moi est de régulariser
la situation. L’architecte
des bâtiments de France, lorsqu’il
a été entendu par la gendarmerie,
a dit que s’il avait été
consulté, il aurait donné un
avis favorable, car l’inscription
demamaison dans le site ne posait
pas de difficulté majeure.
La seule réserve qu’il mettait
était de maintenir une haie végétale
en bordure de la maison.
❚ Et qu’en est-il justement ?
Les thuyas, les chênes verts, les
cyprès et autres végétaux arbustifs
que j’ai plantés font que
dans un an, voire deux, la maison
sera quasi invisible depuis
la chapelle Saint-Sixte (NDLR:
la chapelle du XIIe siècle qui se
trouve à moins de 500 mètres
de là), ce qui n’est pas le cas
d’autres maisons dans le périmètre,
je peux vous le dire.
❚ Michel Drucker est amer
aujourd’hui ?
Je ne me laisserai pas diffamer.
Avec mon avocat, on ira jusqu’au
bout de la procédure. On
va déposer une nouvelle demande
de permis de construire.
Car je répéterai sans fin que
j’ai construit une maison sur un
terrain constructible sur lequel
il y avait déjà une maison. J’ai
obtenu un permis légalement
et dans la plus grande transparence.
Or aujourd’hui, où en
est-on ? Ma maison est quasiment
terminée et mon permis
n’existe plus ! C’est une situation
surréaliste et inédite.
❚ Comment expliquez-vous
l’histoire du courrier, semble-
t-il antidaté, de 2007 et la
non-consultation de l’architecte
des bâtiments de France, qui
était obligatoire en l’espèce ?
Il y a effectivement des zones
d’ombres. Il y a eu un dysfonctionnement
entre la DDE (Direction
départementale de
l’équipement) et l’architecte
des bâtiments de France. Mais
je suis la victime de ces zones
d’ombres. Pourquoi un courrier
n’est jamais arrivé ? Pourquoi
ce courrier antidaté ? Je
m’interrogerai toujours, mais je
ne serai pas le dindon de la farce!
Même si ça ne changera pas
ma vie, même si ça n’est, comme
on dit, qu’un clapotis local.
On n’est pas des inconnus ici.
Et c’est pour ça que je le prends
très mal. C’est mon honneur de
dire que je n’ai pas magouillé.
J’irai jusqu’au bout. Je ne suis
pour rien dans cette histoire.
❚ Et vous voulez savoir ou
pas?
Oui, je veux éclaircir ce dysfonctionnement.
Cette lettre antidatée
ne me concerne pas. Qui
voulait me nuire ? Je veux que la
justice éclaircisse ce mystère.
❚ Quelle est la nature du préjudice
que vous subissez ?
Cela fait deux ans que je subis
nuisances, malveillances, diffamations,
lettres anonymes,
qu’on dit que j’ai obtenu un permis
de complaisance, qu’on répète
qu’il n’y a pas de fumée
sans feu. Tous les jours, des touristes
viennent photographier
ma maison. On me dit : "Barrez-
vous les nantis. On va mettre
une bombe dans votre maison".
Et ça tombe sur moi ! Je
suis certes un personnage public,
mais je ne me laisserai pas
faire. Je suis au centre d’un
"truc" qui me dépasse complètement.
❚ D’autant que vous êtes attaché
à cette région…
Vous savez, cela fait quarante-
six ans que je fais de la télé et
cela fait trente-cinq ans que je
viens ici, à Maussane, à Mollégès
et à Eygalières. Avec Charles
Aznavour et Jean Reno, il y a
dix ans, je vous rappelle que
j’avais organisé une fête pour le
reboisement des Alpilles. Et
c’est à moi que la Ligue des Alpilles
vient faire un procès

MARSEILLE
Mini-croisière grâce
auxRestosducoeur
Une quarantaine de personnes
sélectionnées par les Restos du
coeur ont pris la mer hier soir sur
le Napoléon Bonaparte à destination
de l’Île de beauté pour un
voyage de 48h. À Bastia, les familles
marseillaises seront prises
en charge par les Restos locaux
pour une visite au Cap corse et
un déjeuner. La SNCM offre
deux nuits et dîners à bord. "Les
familles qui partent ont été tirées
au sort, explique Antoine, un
ex-salarié de la compagnie travaillant
aujourd’hui aux Restos.
Pour Delphine, une maman sans
emploi, cette mini-croisière
"c’est une bouffée d’air, une façon
de sortir de nos problèmes."

LAMADRAGUE-VILLE● Des jeunes ont distribué des colis aux
SDF. 6 élèves du CAP "Nouvelle chance" du LPP Jacques-Raynaud
(Saint-Jérôme), accompagnés de deux enseignants et de leur assistante
sociale ont participé pendant leurs vacances scolaires à une
distribution de colis de Noël confectionnés par le Samu social de
Marseille aux résidents de l’Unité d’hébergement d’urgence de la
Madrague-Ville. Depuis 2007, les élèves de ce dispositif participent à
la confection et la distribution de ces colis.


LEMERLAN● Mille jouets récoltés. La 4e édition de la Fontaine aux
jouets, organisée par la direction du centre commercial de Carrefour
Le Merlan et la mairie des 13-14 a permis de remplir plus de 50 caddies
de jouets. Ils ont été distribués à Noël aux enfants défavorisés
des quartiers voisins, grâce à plusieurs associations partenaires.


SAINT-GINIEZ ● Un Noël vraiment fraternel. L'action sociale du
groupe Prémalliance a repéré avec ses partenaires, l'IGS, l'Aclap et
les Petits frères des pauvres, plus de 400 personnes seules pour leur
proposer, au cours de l’année, des rencontres et divertissements.
Pour Noël, l'action sociale a souhaité créer un événement rien que
pour eux: accueillies par tous les collaborateurs du groupe, mobilisés
pour l’occasion, les personnes ont pu, le 24 décembre, partager
un repas festif agrémenté de cadeaux. Puis, elles ont participé à un
jeu récréatif avant un magnifique spectacle de près de deux heures

● Les anges gardiens du Frioul.
Les évacuations sanitaires au
profit des habitants du Frioul
ou des touristes qui se rendent
sur l’archipel, constituent l’une
des principales activités de la
vedette de sauvetage de la
SNSM La Bonne Mère de Marseille,
basée dans le port de la
Pointe-Rouge. En 2008, sur
213appareillages d’urgence
destinés à porter secours à des
personnes en difficulté,
52concernaient les îles d’If, Pomègues
ou Ratonneau.



Dans les cités marseillaises
ces religieux sont chez eux
Catholiques, ils ont choisi de vivre en HLM. Une expérience fraternelle, au plus près du monde


La porte des Petits frères de Jésus, à La Busserine, est toujours ouverte aux voisins qui, au fil des années, sont devenus des amis. À Campagne-Lévêque, Jeanne est aussi une figure
aimée et respectée de la cité et une deuxième mamie pour la petite Marie. "Nous avons choisi de partager les joies, les peines et les combats de nos voisins", disent-ils.


"Ni guides, ni pasteurs,
on est des amis."
JEAN-MICHEL, À LA BUSSERINE


Oh, ma bibiche ! Tu veux
un chocolat, une mandarine
?" Marie, 9 ans, est
entrée dans le T3 comme une
petite bourrasque. Cette dame
qui l’accueille tendrement sur
le pas de la porte pourrait être
sa mamie: mais Jeanne, 76ans,
n’a aucun lien de parenté avec
la petite fille. Elle n’est que sa
voisine du bâtiment 33. Sa
congrégation, les Soeurs de
Saint-Vincent de Paul, a fait le
choix de vivre au coeur de Campagne-
Lévêque, à Saint-Louis
(15e). Mais dans la cité, personne
ne l’appelle "soeur Jeanne, à
part des fois les gitans" : ici, elle
est "Jeanne, tout court". Une figure
amicale, parfois un refuge.
Chez elle, on vient pour parler,
lire, boire une petite verveine,
pleurer parfois. Oubien imaginer
la couleur des fleurs, au
printemps : "Faire sa place, ça
arrive avec des petites choses",
dit cette femme chaleureuse.
La "plus symbolique" est
peut-être ce jardin, créé avec
ses voisins sur un terrain "pourri,
plein de caillasse". "Saint-Vincent
a dit : l’amour est inventif,
à l’infini", s’amuse Jeanne.
Alors pourquoi pas des fleurs,
une rocaille, des herbes aromatiques
? Les mamans, les enfants
ont biné, planté. Désormais,
entre les tours, il y a des
papillons, des coccinelles et les
enfants "savent pourquoi il faut
sauver les abeilles", jure Marie.
Et puis personne n’a dégradé
l’espace vert : "C’est un miracle",
glisse Jeanne, malicieuse.
"Avec le beau, on fait du beau’,
ajoute-t-elle.
Ses voisins sont musulmans,
hindouistes. Elle est catholique,
bretonne, née à Redon
(35). Et alors ? Elle n’est pas ici
pour évangéliser sur le palier.
"La religion, c’est un mode d’emploi.
La foi, c’est autre chose :
c’est l’envie de vivre en paix et en
amour avec le monde", réfléchit-
elle. Et pour Jeanne, il n’y a
pas meilleur endroit pour faire
vivre cette conviction-là que les
tours de sa cité…Traversons la
ville. Au 7e étage d’une tour de
La Busserine (14e), trois seniors
souriants - et en chaussons -
nous attendent. Voici Jacques,
le doyen, 82 ans, Jean-Michel et
Guillaume. Manque le benjamin,
Robert, 53ans. Petits frères
de Jésus, les quatre hommes se
partagent deux appartements
dans la cité. Jacques est même
sans doute l’un des premiers locataires
de La Busserine: ce prêtre-
ouvrier à voix de rocaille (il a
gardé l’accent de son Castres natal),
ancien fraiseur des chantiers
navals de Provence, y a posé
ses valises, sa Bible et son destin
en 1967. "J’ai vu pousser les
cités au milieu de rien", dit-il.
Guillaume, le Breton, a "installé
le carrelage dans tous les appartements
de la cité", lors de sa rénovation;
Jean-Michel est toujours
ouvrier dans le BTP. "Il y a
encore des gens que ça surprend
de me croiser avec mon bleu dégueulasse",
sourit cet homme
fin et posé. Chez les Petits frères
de Jésus, vivre au milieu des
hommes veut dire en partager
le toit, mais aussi le labeur.
"Pas de cadre chez nous."
Pour le reste, "nous n’avons
aucune activité pastorale. Nous
ne sommes ni des guides, ni des
pasteurs. Juste des amis", souligne
Jean-Michel. Jacques s’est
investi avec vigueur dans tous
les combats de La Busserine depuis
40 ans : pour une école,
des bus, contre la L2, les écarts
des bailleurs… Leur amitié
avec les habitants de la cité
s’est construite ainsi et puis
plus simplement aussi : "Quand
on attend l’ascenseur, et qu’il est
souvent en panne, on apprend à
se connaître…", disent-ils,
rieurs. Depuis des années, le
même "monsieur gitan", dépose
ainsi, chaque matin, une baguette
de pain sur leur paillasson.
À La Mecque, les voisins
partis en pèlerinage prient
pour ces catholiques fervents
avec qui ils partagent les bons
et les mauvais jours. "Je deviens
de plus en plus sourd, et aveugle
aussi, dit Jacques, et dans les
réunions, je rate les 3/4des choses,
mais on me demande toujours
d’y participer. Le quartier
me secoue !"
Cette reconnaissance est ce
qui les porte, tous: "On se voit vivre
ici jusqu’à la fin", reconnaît
Guillaume qui, lorsqu’il visite la
famille "passe son temps à défendre
Marseille et La Busserine". À
l’Agora, le principal lieu culturel
de la cité, Karima Berriche s’en
réjouit : "Leur présence, même
minoritaire, nous rappelle que
l’on fait société avec des gens qui
ne nous ressemblent pas."
Elle est musulmane, ils sont
catholiques. Et sur ce point, ils
parlent tous d’une seule voix


À Marseille, de nombreuses cités hébergent
encore des congrégations catholiques.
Ainsi, les Soeurs franciscaines missionnaires
de Marie vivent à Air-Bel, les
Soeurs de Saint-Joseph à La Bricarde, les
Petites soeurs de Jésus à Frais-Vallon, les
Soeurs du Prado aux Micocouliers ou au
Castellas, les Soeurs de Saint-Vincent de
Paul à Campagne-Lévêque, les Petits frères
de Jésus à La Busserine et les Pères
jésuites à Air-Bel. Enfin, les prêtres de la
Mission de France sont installés à la cité
du Castellas. Les plus anciennes implantations
remontent aux années 50-60. De
nouvelles congrégations viennent parfois
remplacer celles qui sont sur le départ ; de
jeunes recrues les frères et soeurs trop
âgés ou décédés. Pour la première fois depuis
le début du mouvement, les effectifs
déclinent légèrement.

LES 3 QUESTIONS à Jacques BOUCHET recteur de Notre-Dame de la Garde, ancien vicaire général
"Il faut accepter de vivre une aventure sans filet"

Lui-même a grandi à la cité Castellane:
"Pour mes parents, c’était la découverte
du confort", sourit, dans son petit
bureau de la basilique, Jacques Bouchet,
le recteur de Notre-Dame de la Garde.
Lorsqu’il était le vicaire général de
Marseille, il a bien connu toutes les
congrégations installées en cités.
1Comment ces religieux sont-ils arrivés
dans les cités de Marseille ?
C’est une histoire qui remonte au mouvement
des prêtres ouvriers, dans
l’après-guerre. Pour eux, il était primordial
de partager un même destin avec les
classes les plus populaires de la société :
ils étaient à leurs côtés, dans les usines et
logiquement, dans les mêmes quartiers.
Avec l’accord de l’évêque, ils se sont
d’abord installés à Saint-Louis,
La Cabucelle, Les Crottes, la Belle-
de-Mai... Quand les grandes
cités ont poussé, aux confins de
la ville, ils ont suivi le mouvement.
2Qui sont les religieux qui
s’installent en cité ?
Des gens qui acceptent de vivre
une aventure, sans filet ! Chez
nous, c’est l’inverse de l’Éducation
nationale : on ne met pas
les plus fragiles, les débutants
dans les HLM... Il s’agit quand même de vivre
en plein-vent, au coeur des difficultés
du monde ! Mais s’il y a eu des départs,
pour différentes raisons, la majorité de ces
religieux restent dans leur cité.
3Ce sont maintenant souvent
des personnes âgées. Et
dans les cités, la vie est dure...
Bien sûr, quand nous échangeons
sur ce qui se passe dans
les cités, un certain nombre de
problèmes remontent. Mais au
Clos-La Rose, les soeurs voisines
ont beaucoup corrigé ce qui avait
été dit dans les médias. À l’évêque,
elles disaient : ’Oui, il y a de
la drogue, mais il n’y a pas que
ça. Nous ne sommes pas là pour
juger les hommes, nous sommes
là pour vivre avec eux.’ Dans ces cités,
ces frères et ces soeurs ont une chose à apporter
: de l’humanité. C’est ce dont tout le
monde a le plus besoin. Même les garçons
qui tournent mal..."

Restos du coeur: un cabas plein et un peu de chaleur au menu jeudi 30 décembre 2010 à 18H55
Pour la saison 26, le scénario ne change guère aux centres de la Zup et à Cézanne

Henriette, une habituée des lieux avec sa misérable retraite, fait partie de celle qui apporte une indéfectible bonne humeur. Après avoir rempli son panier, elle se pose avant de remonter chez elle et fait un brin de causette avec les bénévoles.

L'imperméable semble du dernier chic mais cette quinquagénaire aux apparences bourgeoises chuchote se nourrir depuis dix jours exclusivement de compléments alimentaires fournis par son médecin. Elle avait honte de pousser la porte des Restos du Coeur. Hier, en ce mercredi de collecte à Encagnane, les bénévoles lui improvisent un panier alimentaire de dépannage, la nouvelle bénéficiaire n'étant pas inscrite. Auguste a commencé à remplir sa fiche. Elle touche 600€ au titre de l'allocation adulte handicapé. Elle vivait chez sa mère, décédée depuis peu. "Maman avait une petite retraite. A deux, ça allait. Elle est morte. J'ai pu garder l'appartement. Mais je ne peux pas payer les factures".

217 familles sont inscrites au titre de l'aide alimentaire au centre de l'avenue Léon Jouhaux, autant à celui de Cézanne. Auguste estime qu'à la fin de la saison, elles seront comme l'an passé, au nombre de 242. "Dont 82 personnes seules, et de plus en plus de familles avec de nombreux enfants. Avant, le système des allocations familiales était ainsi fait que l'on n'en voyait pas autant. Désormais..."

"Leur seule sortie de la journée"

La semaine passée, un couple de jeunes étudiants est venu prendre de quoi se nourrir pendant une semaine. Cette bénévole cite le cas d'un jeune stagiaire qui était de passage l'an passé et reviendra, sans doute, pour faire encore ses preuves et peut-être, tenter sa chance dans une entreprise aixoise. La file d'attente des bénéficiaires s'allonge devant le local en ce mercredi où le soleil a refusé de se lever. Café et chocolats sont offerts. Et surtout, un sourire, et la discussion s'amorce. Il y a Henriette qui n'a plus d'âge et donne ses éclats de rire à tous. Veuve depuis 30 ans, elle ne lit plus les lignes de la main aux Saintes-Maries de la Mer. Elle a arrêté la route. "Je suis pauvre peut-être, mais bien plus riche que beaucoup avec mes petits-enfants qui viennent me voir régulièrement". Une autre mamie entre avec son petit-fils. Il repartira avec un saxophone pour enfants. Les Restos ont récupéré des jouets. De temps en temps, les dons abondent en plus des stocks de vivres. "Pour Noël, la cuisine centrale a donné des sachets pour enfants. Les chocolats de Puyricard nous ont donné leurs déclassés".

Une jeune femme, le cabas en attente, témoigne: "L'an passé, c'était la première fois que je sollicitais l'aide des Restos. J'espérais que ce serait la dernière". Les barèmes de plus en plus stricts écartent des familles qui auraient largement besoin de l'aide. Les bénévoles gardent le sourire, maintiennent le lien. "Pour certains, c'est leur seule sortie de la journée, leur seule rencontre dans la semaine. L'isolement est terrible," enchaîne cette volontaire. Qui garde dans le coeur le souvenir de cette jeune mère de trois enfants. "D'une infinie tristesse, elle choisissait toujours les produits en fonction des souhaits de ses petits. Un jour, je lui ai demandé de se faire un peu plaisir à elle. Grâce au réseau social, on a pu la faire partir l'été dernier en vacances avec ses gamins. Elle n'était pas connu tel séjour depuis huit ans".

Distributions à Aix 1, 55, avenue Sainte-Victoire le mercredi de 13h30 à 16h, le jeudi toute la journée et le vendredi matin, à Aix2, avenue Léon Jouhaux, le mercredi de 10h à 11h45, les jeudi et vendredi de 9h à 11h30

L'enquêteur mystère passe au crible les commerces de la ville
Près d'une centaine de professionnels participent à la charte "esprit client". Immersion

Le client mystère enquête sur l'accueil des commerçants. Rien ne lui échappe. Propreté et qualité du service sont des prérogatives.


Vêtu d'un imperméable beige, d'un sweat rouge et d'un jeans, Bernard -le prénom a été changé- pénètre dans une brasserie d'une célèbre place arlésienne. La scène est anodine. Pourtant, Bernard n'est pas un client comme les autres. Dès son entrée dans l'établissement, c'est l'oeil bien aiguisé -mais discret- qu'il scrute les moindres détails. Et pour cause, l'homme effectue l'une des 900 visites mystères du département. Le concept est simple. L'enquêteur mandaté par la chambre de commerce a pour but d'évaluer l'accueil des commerçants du centre-ville. Bien entendu, le commerçant ne sait rien de la date ni de l'heure de la visite. Ce prédiagnostic effectué sur la base d'une grille prédéfinie sera ensuite envoyé à la CCI où un bilan sera dressé au mois de janvier avec les commerçants audités.

14h30, Bernard commande un café. Une minute plus tard, le serveur lui apporte sa tasse. "C'est pas mal", lance l'enquêteur. L'attente normale pour une boisson est d'environ cinq minutes contre 10 minutes pour un plat. Autre bon point au compteur de ce cafetier, la prise de contact avec le client a été effectuée une minute après le franchissement de la porte. "Dans le cas contraire, nous provoquons le contact", explique-t-il. La tenue du serveur sera passée au crible. Tout comme la propreté du sol, du plafond, et des vitrines. "Le plan de travail est rangé et les tables bien ordonnées", note-t-il. En quelques minutes seulement, Bernard a tout repéré. Les éclairages sont tous allumés. L'enseigne extérieure est en bon état. Le mode de paiement doit être apparent, ainsi que les horaires. "Là, il n'y a pas de stickers sur la vitrine indiquant que l'on pouvait payer par carte bleue, mais j'ai vu une cliente le faire", détaille-t-il. Histoire de corser l'affaire, l'enquêteur a pour mission d'évaluer la connaissance du commerçant sur le patrimoine de la ville. "Attention, cette enquête n'est pas un piège au contraire", poursuit le client mystère. En effet, les commerçants sondés ont préalablement signé une charte "esprit client" sur laquelle ils s'engagent à répondre à certaines prérogatives. En paraphant, le professionnel s'engage notamment à renseigner ses clients sur leurs centres d'intérêts locaux mais aussi de prendre en compte leur avis. "En signant le commerçant dis j'accepte, et je suis capable de…", assure l'enquêteur, "ils doivent remplir 80% de la charte".

C'est donc avec un scénario tout ficelé que Bernard aborde la responsable d'établissement. Il lui demandera alors des renseignements pour organiser une manifestation dans son établissement. Bref, une prestation que la brasserie peut effectuer. Essai transformé. La quinquagénaire lui proposera même de rester ouverte un peu plus longtemps. Puis, elle lui suggérera quelques endroits historiques de la ville pour distraire ces convives durant la journée. Bernard l'interrogera sur les horaires d'ouverture de ces lieux. Quelques balbutiements plus tard, la restauratrice lui donnera une réponse satisfaisante et l'orientera même vers l'Office de Tourisme. Un quasi sans faute. "Je tiens à préciser que cette enquête correspond à une photographie à l'instant T", explique-t-il. En effet, le commerçant doit être capable de répondre à un accueil de qualité. Le but étant bien évidemment de fidéliser sa clientèle mais aussi de satisfaire les touristes. Après ce bref échange, Bernard se rendra aux toilettes pour en vérifier la propreté. "Ce prédiagnostic est un outil qui permettra aux professionnels de progresser", confie l'homme, "ce n'est pas du flicage". Le résultat est sans appel. "La visite a été agréable. La commerçante à l'écoute et elle est intéressée par sa ville. C'est bien".