AF / COTE D IVOIRE...FINI LES DECEPTIONS ???

bienvenou a écrit:
Lamouchi:
"Je me sais attendu




FOOTBALL L’ancienOlympien
estdésormais sélectionneur
de laCôted’Ivoire, qu’il doit
qualifier pour leMondial 2014.
S’il s’agit de sonpremierposte
en tant qu’entraîneur, il compte
bien s’appuyer sur sonénorme
vécu pourmeneràbien samission.
Le foot français, les Bleus,Drogba...
Il se livre sans langue de bois
Parme, Monaco, l’Inter Milan, l’OM... Il a connu les plus grands clubs. Sabri Lamouchi entame une nouvelle aventure, celle de sélectionneur. Un choix qu’il sait risqué.

Au crépuscule d’une carrière bien remplie, qui l’a vu évoluer sous les
couleurs de Parme, de l’Inter, ou encore de l’OM, Sabri Lamouchi
aurait très bien pu se retirer loin des terrains, à l’écart du milieu du
foot, dont il goûte moyennement les caprices et les excentricités. Mais
l’ancien milieu défensif avait d’autres plans en tête, une fois ses diplômes
validés. À 41 ans, sans jamais avoir entraîné auparavant, il a été nommé le
28 mai dernier sélectionneur de laCôte d’Ivoire avec deux objectifs : remporter
la Coupe d’Afrique des Nations, et qualifier les Eléphants pour le Mondial
2014. Le 15 août, il disputera un premier choc à Moscou, face à la Russie de
Fabio Capello. Avec une pression certaine. Entretien.

"Je me voyais terminer
ma carrière à l’OM.
J’ai quitté Marseille avec
une boule à l’estomac."

"Être capitaine en Italie veut
dire beaucoup plus de choses
qu’être capitaine en France."

❚ Sabri, qu’est-ce qui vous a poussé à
accepter le défi ivoirien ?
C’est d’abord l’énorme confiance du
président de la fédération ivoirienne,
SidyDiallo. J’étais sa priorité, ilme voulait
vraiment et était déterminé. La Côte
d’Ivoire est la sélection la plus importante
d’Afrique, avec un potentiel
de jeu énorme. J’avais d’autres propositions,
mais celle-ci était de loin la
plus excitante.
❚ La presse ivoirienne et les supporters
locaux ne vous ont pas épargné...
Ils ont immédiatement pointé du
doigt mon inexpérience, je les comprends,
c’est une réaction logique.
J’en ai lu des vertes et des pas mûres
sur mon compte, mais ça fait partie du
métier. Même le fait d’avoir joué à
l’OM n’a pas suscité l’indulgence et
l’empathie des supporters. Je me sais
attendu.
❚ Racontez-nous vos premiers instants
avec les Éléphants...
J’appréhendais. J’ai de suite dit aux
joueurs que ma volonté n’était pas de
tout chambouler, mais de se reposer
sur les acquis de cette sélection, et essayer
tous ensemble de régler les petits
détails qui nous permettront
d’enchaîner les victoires et d’être compétitifs.
Il n’est pas normal que cette sélection
n’ait jamais gagné de titre majeur,
et qu’elle n’ait qu’une coupe
d’Afrique à son palmarès. Si on parvient
à ce que tous les joueurs soient à
100% au même moment, et à trouver
une assise défensive, alors on pourra
réaliser quelque chose d’intéressant.
❚ Vous disposez pour cela d’éléments
de talent, comme Gervinho et évidemment
Drogba, qui est proche de la fin...
Rassurez-vous, Didier est loin d’être
fini. J’avais de lui l’image d’un grand
joueur,et cette image s’est multipliée
par dix à son contact. C’est un grand
professionnel, dotéd’humilité et de générosité.
Il est au service de sa nation
et de son pays, il est exceptionnel de
voir à quel point il s’investit au quotidien
dans son métier. Il est mon relais
auprès du groupe.
❚ Mais il joue aujourd’hui en Chine,
dans un championnat assez faible. Ne
craignez-vous pas une baisse de niveau?
Je ne m’inquiète pas pour son niveau.
Ce qui peut être gênant, ce sont les allers-
retours incessants qu’il risque
d’effectuer. Pour lui, le championnat
s’achève fin octobre. Il aura donc deux
mois pour se préparer avant laCAN.
Lorsqu’il est rentré de ses vacances,
avant de rejoindre la Chine, il est parti
en thalasso pour se ressourcer, être
dans la meilleure forme possible. Cette
attitude en dit long sur ses intentions,
et sur sa manière d’appréhender
une compétition. Je comprends
l’admiration que peuvent avoir les
Marseillais à son égard. En une seule
année, ilamarqué l’histoire du club.
❚ Vous aussi n’avez passé qu’un an à
l’OM (2005-06). Que retenez-vous de votre
unique saison sous le maillot olympien?
Je me souviens d’un but en début de
saison, mon premier au Vélodrome,
contre Troyes... Il pleuvait des cordes.
Taiwo adresse un centre de 70 mètres,
je crois même qu’il ne l’avait pas fait
exprès. Je frappe en demi-volée du côté
droit de la surface, et le ballon file en
lucarne. Des comme ça, je n’en ai pas
marqué beaucoup (rires).
Je retiens l’amour des supporters.
D’ailleurs, si j’habite toujours dans la
région, cen’est pas un hasard. Sincèrement,
je mevoyais terminer ma carrière
à l’OM. J’y étais très bien, j’y envisageais
même ma reconversion. Mais les
choses se sont déroulées autrement
pour différents facteurs...
❚ Lesquels ?
Il n’est plus utile d’en parler. Mais j’ai
quitté Marseille avec une sacrée boule
à l’estomac, un sentiment d’inachevé.
Arrivéà uncertain stade, soit tuacceptes
les décisions et tu fermes ta bouche,
soit tu t’en vas... Je suis ensuite
parti au Qatar, j’ai tourné la page.
Après avoir stoppé macarrière, j’ai passé
mon DESS économie et droit du
sportàLimoges, je suisdevenu consultant
pour Canal +, j’ai passémes diplômes
d’entraîneur...
❚ Que retenez-vous de votre expérience
au Qatar?
J’ai eu la chance de rencontrer ceux
qui sont aujourd’hui les maîtres du
monde. Et pas seulement dans le foot.
Dans les énergies, l’immobilier, même
la culture. Concernant le rachat du
PSG, pour moi, ce n’est pas une bonne
chose. Le championnat français
n’aura plus de sens, plus de valeur.
Quand grâce à l’argent, le PSG aura
remporté dix titres de champion de
France d’affilée avec 25 points
d’avance sur le second, les supporters
s’en lasseront.
❚ Votre rôle de consultant télé a-t-il
contribué à former l’entraîneur que
vous êtes ?
J’ai eu la chance de voir de nombreux
matches européens, dedécouvrir différents
championnats. Le niveau au Portugal,
par exemple, m’a vraiment interpellé.
Ils n’ont pas beaucoup de
moyens, mais ont une vraie politique
de formation, ils sont tournés vers les
jeunes.
❚ La formation fait aujourd’hui débat
en France, après les dérives de certains
internationaux...
Pour en avoir parlé avec les joueurs de
ma génération, je dirais que nous, anciens,
sommes, dans un sens, responsables
de ça. Onaurait peut-être dû faire
comme nos prédécesseurs, qui
nous reprenaient de volée aumoindre
petit écart. Mais les temps ont changé,
il y a beaucoup plus d’argent en jeu...
On ne peut pas demander à des gamins
de 20 ans de savoir gérer leur argent,
de savoir communiquer,et d’être
à la fois bon sur le terrain. Celui qui
sort du lot, c’est celui qui a reçu une
bonne éducation. En France, on a
peut-être pensé à former des joueurs,
mais on a oublié de former des hommes.
Après, le fait de chanter, ou pas,
La Marseillaise, est un faux débat. Les
Espagnols ne chantent pas tous aumoment
des hymnes, mais ils gagnent...
Pourma part, porter le maillot bleu fut
une fierté, j’aime mon pays, et je ne
me vois pas vivre ailleurs qu’en France.
❚ Quel regard portez-vous sur
l’équipe de France actuelle ?
Je trouve dommageable que Laurent
Blanc soit parti. Il aurait pu se servir de
l’échec de l’Euro pour affiner ses
choix, faire le tri. En l’occurrence, Deschamps,
son successeur, est la personne
idéale à ce poste.
❚ Avez-vous des modèles, des références
en matière d’entraîneurs ?
J’ai apprécié les idées d’Arrigo Sacchi
et Cesare Prandelli. Avec Sacchi,
c’était parfois à la limite de la folie, il
nous martelait son discours avec
conviction. Onenavait la chair depoule.
Son credo, c’était "on joue comme
on s’entraîne".
Prandelli, lui, a pris la responsabilité
de me nommer capitaine à Parme.
Être capitaine en Italie veut dire beaucoup
plus de choses qu’être capitaine
en France. Chaque semaine, j’avais
rendez-vous avec ladirection, pour faire
le point. Quand nous étions à table,
le premier à finir son repas medemandait
la permission pour se lever. J’étais
aussi capitaine à Auxerre, à Monaco, à
l’OM, et croyez-moi, c’était bien différent
de l’Italie.
❚ Ces méthodes semblent appartenir
à une autre époque...
Peut-être, mais ce n’est pas si loin. Les
Cannavaro, Buffon, Sensini, les ont appliquées,
et on connaît leur carrière.
Lorsque la France est championne du
monde en 98, beaucoup de Bleus évoluaient
en Italie. Zidane, Deschamps,
Thuram, Desailly, Djorkaeff...
C’est un facteur qui, selon moi, a énormément
pesé dans le succès tricolore.

bienvenou a écrit: